Henri Marteau (1974-1934)

Henri Marteau par Nadar

Pays : France ; naturalisé suédois
Naissance : Reims, 31-03-1874
Mort : Lichtenberg (Allemagne), 03-10-1934
Notes : Violoniste, compositeur et chef d’orchestre. Professeur à la Hochschule für Musik de Berlin (1907).

Professeur : Jules Garcin (1er Prix 1892). Sivori, Hubert Léonard

Marteau est né à Reims. Il est d’ascendance allemande et française. Son père, un Français, est un violoniste amateur bien connu à Reims, et s’intéresse beaucoup aux affaires musicales. Sa mère, berlinoise, était une excellente pianiste, qui avait étudié avec Clara Schumann. Grâce à l’influence de Camillo Sivori, les parents de Marteau sont facilement persuadés de permettre à leur fils d’adopter une carrière musicale, et il montre des aptitudes remarquables dans ses études, d’abord avec Bunzl, puis avec Hubert Léonard et, à partir de 1891, entre dans la classe de Jules Garcin au Conservatoire de Paris.

Marteau était remarquable tant par son individualité que par son évolution. Il fait ses débuts à dix ans seulement, lors d’un concert donné par la Société philharmonique de Vienne, sous la direction de Hans Richter. Une tournée en Suisse et en Allemagne a suivi. Un an plus tard, Charles Gounod choisit ce jeune violoniste pour jouer l’obbligato d’une pièce, Vision de Jeanne d’Arc, composée pour les célébrations du centenaire de Jeanne d’Arc à Reims, où il interprète également, devant un public de 2500 personnes, le Concerto pour violon n° 5 de son professeur Léonard.

Marteau fait ses débuts professionnels à Londres en 1888, lors d’un concert de Richter. En 1892, il obtient le premier prix au Conservatoire de Paris, et Jules Massenet et Théodore Dubois écrivent tous deux un concerto pour violon spécialement à son intention. Une autre série de tournées suit. Il se rendit deux fois en Amérique, une fois en 1893 et une fois en 1898, et il visita la Russie en 1897-1899.

Il se consacre ensuite à l’enseignement et est pendant un certain temps professeur de violon au Conservatoire de Genève. A la mort de Joseph Joachim en 1907, Marteau est appelé à l’Université des Arts de Berlin, où il devient chef du département de violon. Pendant la première guerre mondiale, il est expulsé d’Allemagne. Les Allemands l’accusent d’être un espion français, tandis que les Français l’accusent d’être un espion allemand, il doit donc éviter les deux pays. Au lieu de cela, il s’installe en Suède, où il devient citoyen en 1915.

Marteau a longtemps été un défenseur de la musique de chambre. Le 13 avril 1894, par exemple, lui, le pianiste Ami Lauchame, un altiste nommé Koert et un violoncelliste nommé Hegner ont donné leur deuxième concert de musique de chambre sur invitation à New York, en interprétant des œuvres de Camille Saint-Saëns et Gabriel Fauré ; un troisième concert était prévu pour la semaine suivante. [En 1906, Marteau dirigeait un quatuor à cordes qui s’est séparé à la suite d’une dispute au sujet d’une œuvre de Max Reger. À Berlin, il a formé un autre quatuor à cordes avec son élève Licco Amar comme second violon et Hugo Becker comme violoncelliste ; plus tard, l’élève de Becker, George Georgescu, a pris le poste de violoncelle.

Marteau a composé une cantate pour soprano, chœur et orchestre, intitulée La voix de Jeanne d’Arc.

Il meurt à Lichtenberg, en Bavière, à l’âge de 60 ans.

Afin de faire revivre le nom et l’œuvre de Marteau, les Hofer Symphoniker organisent le Concours international de violon Henri Marteau. L’événement a lieu tous les trois ans dans la maison Marteau à Lichtenberg et à la Freiheitshalle à Hof, en Bavière.

Henri Marteau en 1904 (Musica)

D’après David Milsom (David Milsom A–Z of String Players, Naxos)

La carrière d’interprète d’Henri Marteau commence dès son plus jeune âge. Son père est un violoniste amateur réputé, et sa mère une excellente pianiste qui a étudié avec Clara Schumann. Ils reçoivent souvent des musiciens de renom et c’est à l’une de ces occasions qu’Ernesto Camillo Sivori (l’unique élève de Paganini), très impressionné par les aptitudes et l’enthousiasme du jeune Marteau, lui offre un violon et encourage ses parents à lui permettre de poursuivre une carrière musicale. Les leçons de Bunzl, puis d’Hubert Léonard, professeur au Conservatoire de Paris, lui permettent de débuter comme enfant prodige à dix ans et d’entrer dans la classe de Jules Garcin en 1891.

À treize ans seulement, Marteau est invité par Hans Richter à jouer le Concerto pour violon no 1 de Bruch lors d’un concert de la Gesellschaft der Musikfreunde (Société des mélomanes) à Vienne ; il fascine le public, qui comprend Johannes Brahms. À l’âge de vingt-six ans, Marteau est professeur au conservatoire de Genève et, après la mort de Joachim, il lui succède à la Musikhochschule de Berlin.

Marteau rencontre Max Reger en 1904 et leur amitié est forte, Marteau soutenant le travail du jeune compositeur. Ils jouent ensemble dans plus de cinquante concerts à travers l’Europe et Reger dédie plusieurs de ses compositions à Marteau, dont le Concerto pour violon, op. 101.

Le jeu de Marteau sur disque est une curiosité. Il a une grande force et une grande clarté : il utilise très peu de vibrato, ce qui rend ses enregistrements électriques très intéressants car ils témoignent (sans l’obscurité des enregistrements acoustiques) de ce qui est maintenant un moyen démodé de production du son. Ses enregistrements de Bach sans accompagnement de 1913, répertoriés ici, suggèrent l’influence de Joachim, ce qui est surprenant étant donné que Marteau n’avait pas de liens pédagogiques directs avec l’aîné. Son son propre et pur est soigneusement phrasé et même les accords plutôt emphatiques qui caractérisent le jeu de Joachim peuvent être entendus ici. La Fantaisie de concert de Sarasate sur Carmen (1927) met en valeur la sonorité de sa corde de sol. Pourtant, il y a quelque chose d’un peu excentrique dans son jeu. C’est très évident dans la Danse hongroise n° 6 de Brahms-Joachim (également 1927), où des changements de tempo exagérés et, en fait, une intonation douteuse donnent à l’interprétation un caractère étrangement frénétique. Néanmoins, l’intérêt historique de Marteau et la nature inhabituelle de son jeu font que ses enregistrements valent la peine d’être écoutés.

Biographie

Henri Marteau est né le 31 mars 1874 à Reims. Son père Charles, riche fabricant de textiles, et sa mère Clara née Schwendy, également issue d’une famille de la grande bourgeoisie de Dresde, recevaient dans leur salon de Reims l’élite européenne des arts et des sciences. Un concert chez ses parents avec le seul élève de Nicolo Paganini, Ernesto Camillo Sivori, fut décisif pour Henri Marteau, alors âgé de cinq ans : Sivori procura à l’enfant enthousiaste un petit violon et un solide enseignement initial. D’autres études avec le professeur de violon le plus célèbre de l’époque, Hubert Leonard, professeur au Conservatoire de Paris, conduisirent aux débuts de Marteau en tant qu’enfant prodige en 1884 dans sa ville natale devant 2000 auditeurs. Dès l’âge de 13 ans, la carrière mondiale de Marteau commence : à l’invitation du chef d’orchestre de la création de l’Anneau du Nibelung de Richard Wagner, le Dr. Hans Richter, il joue le 14 décembre 1887 â en présence de Johannes Brahms â lors d’un concert de la Gesellschaft der Musikfreunde à Vienne le concerto pour violon de Max Bruch et fascine Brahms, la presse et le public. Déjà professeur au Conservatoire de Genève à l’âge de 26 ans, il succéda en 1907 à Joseph Joachim, prince des violonistes et ami de Brahms, à la Hochschule für Musik de Berlin. Henri Marteau fut le premier interprète de renommée mondiale à s’engager sans relâche pour l’œuvre du jeune Max Reger. Depuis 1904, les artistes étaient amis et ont joué ensemble dans plus de 50 concerts à travers l’Europe. Reger a dédié plusieurs de ses compositions, dont le concerto pour violon op. 101, à Henri Marteau. Après la première fête de Max Reger à Dortmund en 1910, Henri Marteau fit la connaissance de la petite ville de Lichtenberg en Haute-Franconie par l’intermédiaire du directeur musical Georg Hüttner, originaire de Schwarzenbach am Wald, lors d’un séjour de détente. En souvenir des jours heureux de son enfance dans la campagne vosgienne, où les grands-parents de Marteau possédaient une maison de campagne, il acheta un grand terrain près de Lichtenberg et y construisit une villa qui, avec son mobilier d’origine, compte probablement parmi les plus belles constructions de ce type en Allemagne. Avec le début de la Première Guerre mondiale, la vie d’Henri Marteau et de sa famille fut marquée par le chauvinisme malheureux de l’époque en France et en Allemagne. Français d’origine, assigné à résidence à Lichtenberg à partir de 1916, Marteau, ami de l’empereur Guillaume II jusqu’à son exil à Doorn, se consacra de plus en plus à la composition et à l’édition pour des maisons d’édition musicale connues. A partir de 1920, il devint citoyen suédois. Jusqu’à sa mort en 1934, Marteau, en plus de son activité d’enseignant à Prague, Leipzig et Dresde, enseigna également dans sa maison à des élèves du monde entier.

Enregistrements de Henri Marteau

Olsson-Follinger: Polka in A minor
Clemens Schmahlstich (piano), Henri Marteau (violin)
Recorded: June 1930
Recording Venue: Berlin

Bach, J S: Partita for solo violin No. 3 in E major, BWV1006
Henri Marteau (violin)
Recorded: 26 November 1912 (ah) and 14 February 1913 (L)
Recording Venue: Berlin

I. Preludio
II. Loure
III. Gavotte en rondeau
IV. Menuet I – V. Menuet II
VI. Bourree
VII. Gigue

Boccherini: String Quintet No. 17 in A major, Op. 13, No. 5, G. 281: III. Menuet (arr. H. Marteau)
Henri Marteau (violin)

Hegar: 6 Walzer, Op. 14
Henri Marteau (violin), Studio pianist (piano)
Recorded: 26 November 1912 (ah) and 14 February 1913 (L)
Recording Venue: Berlin

No. 2.
No. 4.

Sarasate: Carmen Fantasy, Op. 25
Henri Marteau (violin), Pancho Wladigueroff (piano)
Recorded: 12 December 1927
Recording Venue: Electrola Studio, Leipzigerstrasse, Berlin

Carmen Fantasy, Op. 25 (version 1)

Excerpt,  Schubert: Grand Duo for Violin and Piano in A Major, D574
Pancho Wladigueroff (piano), Henri Marteau (violin)
Recorded: 12 December 1927
Recording Venue: Electrola Studio, Leipzigerstrasse, Berlin

Duo Sonata in A major, Op. 162, D. 574: IV. Allegro vivace

Godard, B: 6 Morceaux, Op. 128: No. 3. Adagio Pathetique (arr. H. Marteau)
Henri Marteau (violin), Pancho Wladigueroff (piano)
Recorded: 05 – 06 November 1928
Recording Venue: Beethoven’s Hall, Berlin

Mozart: Adagio for Violin and Orchestra in E, K261
Henri Marteau (violin), Pancho Wladigueroff (piano)
Recorded: 05 – 06 November 1928
Recording Venue: Beethoven’s Hall, Berlin

String Quintet No. 17 in A major, Op. 13, No. 5, G. 281: III. Menuet (arr. H. Marteau)
Pancho Wladigueroff (piano)
Recorded: 05 – 06 November 1928
Recording Venue: Beethoven’s Hall, Berlin

Brahms: Hungarian Dances (excerpts)
Henri Marteau (violin), Pancho Wladigueroff (piano)
Recorded: 05 – 06 November 1928
Recording Venue: Beethoven’s Hall, Berlin

10 Hungarian Dances, WoO 1: No. 6 in D flat major (arr. J. Joachim)

Sarasate: Danzas Española, Op. 21
Pancho Wladigueroff (piano), Henri Marteau (violin)
Recorded: 05 – 06 November 1928
Recording Venue: Beethoven’s Hall, Berlin

Spanish Dances, Op. 21: No. 2. Habanera

Schubert: Ständchen ‘Leise flehen meine Lieder’, D957 No. 4
Clemens Schmahlstich (piano), Henri Marteau (violin)
Recorded: June 1930
Recording Venue: Beethoven’s Hall, Berlin

Schwanengesang, D. 957: No. 4. Standchen (arr. H. Marteau and Remenyi)

Bach, J S: Orchestral Suite No. 3 in D major, BWV1068: Air (‘Air on a G String’)
Henri Marteau (violin), Clemens Schmahlstich (piano)
Recorded: June 1930
Recording Venue: Beethoven’s Hall, Berlin

Overture (Suite) No. 3 in D major, BWV 1068: II. Air, « Air on a G String » (arr. for violin and piano)

Sarasate: Carmen Fantasy, Op. 25
Clemens Schmahlstich (piano)
Recorded: 05 November 1928 and June 1930
Recording Venue: Beethoven’s Hall, Berlin

Carmen Fantasy, Op. 25 (version 2)

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